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Premier bébé-éprouvette français, il y a trente et un ans,

Amandine a donné naissance cette semaine à une petite Ava. Comme en 1982, c’est le Pr René Frydman qui a mis l’enfant au monde…

Ava, le bébé d’Amandine, trente et un ans après

La lune nouvelle a donné des suées aux équipes de la maternité de l’hôpital Foch, à Suresnes, en banlieue parisienne. Seize naissances d’affilée, des anesthésistes débordés, peur de manquer de lits. Parmi les nouveau-nés de cette folle semaine, une petite clandestine protégée de la médiatisation : Ava, première enfant d’Amandine, le premier bébé-éprouvette français. Devenue célèbre malgré elle en naissant le 24 février 1982, Amandine a demandé au professeur René Frydman de mettre sa fille au monde. «C’est un beau symbole. René est mon parrain. Je voulais partager ce moment avec le médecin qui a aidé mes parents à m’avoir et qui a accouché ma mère», raconte-t-elle. Le célèbre obstétricien et spécialiste de la procréation médicalement assistée (PMA) a été touché du cadeau. «Il était ému lorsqu’il m’a tendu les ciseaux pour couper le cordon», sourit Henri-Xavier, compagnon d’Amandine et père d’Ava.

Samedi matin, Frydman est allé embrasser le nouveau duo mère-fille dans leur chambre avec vue sur la tour Eiffel. Depuis la naissance mercredi, il a appelé ses copains pour leur annoncer la nouvelle. «C’est vrai, je suis ému. Pendant l’accouchement, qui a été un moment doux, calme, j’ai eu l’impression de revivre l’arrivée d’Amandine. Elle n’est pas la première jeune femme issue d’une fécondation in vitro à avoir un enfant, mais son cas est symbolique. La médecine donne un coup de pouce technique, et ensuite les choses se déroulent normalement. C’est le retour du naturel.» Le gynécologue star rigole de se retrouver comme un médecin de famille à l’ancienne, fil médical entre les générations, qui, après avoir accouché la mère, accompagne la fille.

«A l’époque, la congélation n’existait pas»

Il se souvient de la FIV réussie le 10 mai 1981, de la joie quand la grossesse a tenu (plusieurs patientes avaient fait des fausses couches), de son combat pour éviter une césarienne («parce que la conception avait été médicalisée, certains voulaient continuer dans cette voie»), de ses ruses pour que l’accouchement se fasse dans la clandestinité avec la complicité de la sage-femme Violaine Kerbrat, de sa joie le lendemain matin en voyant débarquer le journaliste Philippe Labro, en direct pour le journal de 13 heures d’Antenne 2.

Les pionniers de la lutte contre l’infertilité, explorateurs de terres vierges médicales, souvent accusés d’être des apprentis sorciers violant la nature, ont parfois noué des liens singuliers avec certains de leurs anciens patients. «Dans ces années-là, on avançait à tâtons, poursuit Frydman. Il y avait beaucoup d’hostilité, en particulier dans les milieux catholiques. Avec le biologiste Jacques Testart, nous avions monté un petit labo à l’hôpital Béclère pour imiter le Britannique Robert Edwards, auteur de la première FIV en 1978. À l’époque, la congélation n’existait pas. Il fallait se précipiter dès l’ovulation. J’ouvrais le ventre pour prélever un ovocyte alors que la technique est bien plus légère aujourd’hui. Testart faisait ses tentatives jour et nuit. Nos essais désorganisaient toute la maternité et certains pensaient qu’on n’aboutirait jamais. J’avais demandé l’autorisation à mon chef de service, c’est tout. Si on voulait le refaire aujourd’hui, on n’aurait pas le droit! La médecine de la procréation est toujours une aventure.»

«On n’hérite pas de l’infertilité»

Amandine, qui exerce une profession de santé, se mord les lèvres pour ne pas dire ce que lui inspire le débat sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux célibataires et aux lesbiennes, la congélation préventive d’ovocytes de femmes jeunes ou les premières greffes d’utérus. «Je ne suis pas une experte. Bien sûr que j’ai un avis là-dessus, mais je n’ai pas à le rendre public.» La jolie brune à l’histoire extraordinaire a eu la chance d’avoir des parents «normaux». «Je ne me souviens plus du jour où ils m’ont dit que j’avais été conçue par FIV. Ça a dû se faire naturellement. Comme pour ma mère : elle n’arrivait pas à avoir un enfant, on lui a conseillé d’aller à l’hôpital Béclère. Elle a accepté de participer à l’aventure en se disant que ce serait formidable si ça marchait.» Amandine, elle, n’a jamais pensé que ça pouvait ne pas marcher. Le bébé est arrivé «tout naturellement». «On n’hérite pas de l’infertilité», dit-elle.

Durant neuf mois, elle a savouré le plaisir d’être enceinte, sans penser aux futures nuits blanches ni au casse-tête logistique pour trouver un mode de garde en région parisienne. Elle a préféré soigner les symboles. Dans sa valise pour l’hôpital, elle a emporté la layette orange et blanche qu’elle portait lors de la présentation de sa frimousse à la France en 1982. L’ensemble tricoté par sa grand-mère maternelle dans lequel gigotait hier la minuscule Ava. En hébreu, ce prénom palindrome choisi par le papa signifie : «La vie, donner la vie.»

https://www.lejdd.fr/Societe/Sante/Ava-le-bebe-d-Amandine-trente-et-un-ans-apres-613684-3200627

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